Espèce de touriste !
Je suis tombée ce midi sur un article simple, concis et bien écrit de Mr Mondialisation. Ca parle de pourquoi il ne faut pas aller faire les touristes en Islande. Notamment si on aime vraiment ce pays, sa nature si belle et sauvage, et d'autant plus si on aimerait pouvoir encore l'admirer.
C'est un paradoxe que je trouve assez terrible et qui pourtant prend tout son sens de nos jours : si on aime un endroit de la Terre, situé loin de chez nous, mieux vaut ne pas y aller. Car le tourisme détruit le lieu en question. Autant ne pas rajouter notre contribution au massacre... même si ça fait mal au bide de renoncer à un rêve.
Aldo Leopold, cité par Sylvain Tesson dans son merveilleux bouquin Dans les forêts de Sibérie (je reparlerai de Tesson bientôt, vous n'y couperez pas), écrit : "Toute protection de la vie sauvage est vouée à l'échec, car pour chérir nous avons besoin de voir et de caresser et quand suffisamment de gens ont vu et caressé, il ne reste plus rien à chérir." Je ne sais pas si je suis d'accord avec la première affirmation, mais je le suis entièrement avec la suivante.
Si l'on veut protéger, n'envoyons pas les foules...
Comment les éduquer alors ? Comment leur montrer cette beauté sans les y envoyer ? Pas évident. J'ai envie de dire que la vidéo est peut-être un moyen. Les films documentaires font rêver, savent présenter la vie sauvage et les lieux reculés, et ce n'est alors qu'une petite équipe de caméramans et de scientifiques qui se rend sur place. Seulement le souci, c'est qu'après les gens veulent aller voir par eux-mêmes... Et c'est là que commence le tourisme, et c'est là que débute le massacre. C'est là que nous pouvons agir, chacun-e, en se contentant du documentaire et en n'allant pas voir par nous-mêmes, justement.
Frustrant ? Oui. Dites merci aux autres, aux foules. Vous en faites partie. Nous en faisons tous partie. Et si on veut que "les gens" cessent de faire des conneries, eh bien commençons par notre pomme...
(c) Patrick Galibert