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20 novembre 2014

On ne pense pas à la sexualité des autres

Quand mon meilleur ami m'a annoncé qu'il était homosexuel, une route que je ne connaissais pas s'est tout à coup dessinée dans ma vie.

symbolefm

L'homosexualité, on la connaît, on en entend parler, quand on était ados on s'est un peu posé la question, et puis finalement on s'est trouvé-e plutôt hétéro, ça nous allait très bien, et on ne s'est plus tracassé-e. En tout cas, ça a été comme ça pour moi. Je ne me pensais pas pour, ni contre. C'était quelque chose qui ne me concernait pas, c'est tout. De base, je pensais que chacun-e a bien des relations avec qui ielle veut, mais je préférais ne pas trop y réfléchir, car ça me paraissait bizarre. Quand je pensais "homosexualité", j'essayais d'imaginer comment c'était, à quoi ça ressemblait, la sexualité entre deux femmes ou deux hommes.

Et puis le Lézard m'a sorti cette bombe, qu'il avait tenue bien cachée sous la table pendant longtemps. Et comme je l'aimais vraiment beaucoup, j'ai commencé à revoir mon jugement. Je me suis dit "mais pourquoi j'essaie d'imaginer les relations sexuelles entre deux personnes de même sexe, alors que quand je vois un couple hétéro je n'y pense pas ?". Ou très peu. Parce que ça les regarde, et pas moi. C'est là que j'ai commencé à comprendre quelque chose qu'on dit peu : oui, la sexualité est politique (vous n'avez pas pu rester ignorant-e du tapage médiatique autour du mariage pour tou-te-s en France, à moins de vivre dans une caverne)... mais pour moi, elle reste personnelle. Je ne suis pas voyeuriste. Ce qui se passe entre Tralala et Trilili, je m'en fous. Si tel couple prend son pied (ou pas), ça les regarde. Même si on admet que j'ai une relation avec Tralala et une relation avec Trilili, ce qui se passe entre eux deux n'est pas de mon ressort (sauf dans le cas des relations à trois, que je n'aborde pas ici). En tout cas c'est comme ça que je vois les choses pour les couples hétérosexuels. Alors pourquoi je n'étais pas aussi détendue à propos de la sexualité homo ? Pourquoi il y avait une part de moi qui disait "c'est bizarre" ?

A cause de l'éducation. Ma famille n'est pas particulièrement homophobe, mais reste très traditionnelle. L'amour, c'est un monsieur, une madame, et on se met en ménage si ça marche, et si on arrive à se marier et à avoir des enfants, c'est le top. C'est ce que j'ai appris. C'est ce qu'on voit partout, dans les films, dans les bouquins, dans les livres, ce qu'on entend dans la bouche de tout le monde. Sauf que Lézard m'a fait comprendre un truc : il ressentait bel et bien de l'amour, lui... mais la famille traditionnelle, il ne l'aura jamais. Et c'est comme ça que j'ai commencé à comprendre que l'amour ne rentre pas forcément dans le cliché qu'on me servait depuis toujours. Que ce cliché ne résumait qu'une seule forme d'amour et donc que c'était une vision très parcellaire de la chose. Et que ce n'est pas parce que j'étais habituée à cette vision-là que c'était forcément la seule possible.

Un-couple-sur-un-banc-de-dos

Alors, grâce à Lézard, j'ai commencé à ouvrir mon esprit. Il me parlait de ses histoires, m'a fait connaître un peu le monde LGBT (bien que je sois une brêle pour y rentrer vraiment, vu que j'ai horreur de sortir et de boire, je n'ai jamais mis les pieds dans un bar gay par exemple) (je suis une hermite, et plutôt sobre comme un moineau). Ca m'a rappelé mon ancien pote Mister Tree, qui s'était toujours défini bisexuel et dont je croyais à l'époque qu'il était en fait hétéro et cherchait juste de la tendresse là où il pouvait en trouver (je me mords les doigts d'avoir perdu le contact, j'aimerais beaucoup discuter de ça avec lui aujourd'hui). J'ai commencé à regarder autour de moi et à voir ces relations qui sont comme invisibles aux yeux de la majorité hétéro.

Et puis je me suis habituée. A force de discuter avec mes ami-e-s, de rencontrer des gens chouettes et ouverts d'esprit, j'ai déconstruit patiemment cette idée de bizarrerie que j'avais attachée à l'homosexualité. Et j'ai arrêté de penser à la sexualité des autres. Je sais que tel-le pote a une relation avec untel-le, mais leur intimité, je m'en fous. Quelle que soit leur orientation sexuelle. L'autre jour j'ai rencontré Lonroux, et ça a bien jasé parmi mes amis pour savoir s'il était hétéro ou homo. Personnellement, bien que plutôt intéressée par la bestiole, je n'avais pas particulièrement envie de savoir. S'il était intéressé par moi également, tant mieux. S'il ne l'était pas, je m'en fichais de connaître le motif : que ce soit parce qu'il n'aime pas les minces ou les longs tifs ou les musiciennes ou simplement les femmes, le résultat serait exactement le même. Pas la peine de disserter.

Aujourd'hui je suis franchement fière d'être arrivée à ces deux choses : l'acceptation générale de la sexualité des autres, qu'elle me soit commune ou non ; et le fait de laisser aux autres leur intimité, même en pensée, sur leur sexualité. D'ailleurs j'ai aussi déconstruit pas mal d'autres choses grâce à Lézard, notamment le genre et justement l'orientation sexuelle, mais ce sera pour plus tard...

 

La musique du jour, la voici, je l'écoute en boucle ces temps-ci.

deux-personnes-assis-dos-a-dos-dans-une-posture-symetrique_318-62703

Je ne pose pas de questions cette fois-ci, mais allez-y avec vos réactions ! Pour la première fois j'avertis : si ça part en vrille, s'il y a notamment de l'homophobie qui se pointe, j'effacerai pour la première fois des commentaires... A vous de rester sympa et de respecter la liberté de tout le monde.

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Commentaires
T
Youhou j'vais pouvoir t'épouser ! *ffffouitt y'a plus d'troll*
N
Allez, cette fois je me lance dans les commentaires ; ça fait un moment que je visite ton blog, un peu en alternance, mais là j'ai envie de partager quelque chose.<br /> <br /> Bizarrement pas sur le thème de l'homosexualité, parce qu'en soi ça ne me pose pas de problème. Pour moi, les gens sont comme ils sont, et comme tu le dis, ce qu'il se passe dans leur intimité ne me regarde simplement pas. Et ça a toujours été comme ça, d'autant plus que je ne suis pas très à l'aise avec le sexe en général donc je ne m'aventure pas tant que ça sur ce terrain ^^<br /> <br /> <br /> <br /> En fait c'est plus sur le concept de "réalisation soudaine qui appelle à déconstruction des idées acquises" qui me parle. <br /> <br /> Ce qui m'a interpellée, c'est cette phrase que tu as écrite : <br /> <br /> "Alors pourquoi je n'étais pas aussi détendue à propos de la sexualité homo ? Pourquoi il y avait une part de moi qui disait "c'est bizarre" ?<br /> <br /> <br /> <br /> A cause de l'éducation."<br /> <br /> <br /> <br /> Je ressens exactement la même chose depuis quelques années, depuis que j'ai quitté le nid familial, en fin de compte. J'ai grandi dans un milieu très à droite, avec des idées très arrêtées sur les personnes de couleur ou "ceux de gauche" (avec paradoxalement un respect de la personne important, jamais je n'aurais vu mes proches agresser quelqu'un pour le fait d'être noir, arabe ou communiste). Et mine de rien j'ai intégré des réactions, des préconceptions dont j'ai du mal à me défaire aujourd'hui. J'y travaille, je me force à m'ouvrir aux autres ou ne serait-ce qu'arrêter d'ignorer les SDF dans la rue ... Mais j'ai toujours ces vieux réflexes qui reviennent, c'est pas toujours facile de les surmonter. Et je me remémore souvent des idioties que j'ai dites en public en suivant ces idées que l'on m'avait inculquées (consciemment ou pas), dont je me mords les doigts des années après. Je me dis toujours : "Nan mais pour quoi je suis passée, là ?!"<br /> <br /> <br /> <br /> En tout cas je progresse ; avant dans la famille on parlait des végétariens comme des bouffeurs de salade et autres joyeuses dénominations. Maintenant j'ai banni la viande de mon assiette, et je fais découvrir plein de plats autour de moi. Je parle d'écologie, de végétarisme, de recyclage... J'ai encore de l'espoir pour d'autres changements plus en adéquation avec ce je pense en mon for intérieur. <br /> <br /> <br /> <br /> (Et merci pour ce merveilleux morceau de musique qui me redonne le sourire !)
G
Oui, beaucoup de concepts patriarcaux et archaïques passent entre les mailles du filet et bien souvent, tous les acteurs de la famille en sont responsables sans en être conscients... C'est le cas dans ma famille aussi, mais sur d'autres sujets ;) On est probablement tous concernés d'une façon ou d'une autre, et c'est à nous de transformer cet héritage familial, ou de le rejeter si on le souhaite.<br /> <br /> <br /> <br /> Hahahaha le piège de la visualisation !! Je m'y suis fait prendre aussi, mais je pense qu'il y a beaucoup une histoire de contrôle intérieur là-dedans (et de détachement), même si des fois, on peut pas empêcher les images d'affluer XD et hop ! On se retrouve saucissonné dans une vision (d'horreur pour ma part, car c'est évidemment quand je le crains le plus que je visualise le mieux la chose ^^).
G
Beau sujet abordé là, et bien abordé qui plus est, pour délicat qu'il soit. <br /> <br /> <br /> <br /> Je ne me suis jamais posé la question de la normalité ou non de l'homosexualité : bien qu'ayant été élevée dans une famille plutôt traditionnelle catholique, le tabou sur la sexualité en général m'a permis d'éviter d'entendre des inepties à ce sujet (qui plus est, j'ai découvert bien plus tard que mes parents ne sont pas homophobes). Mes fréquentations à l'opposé de cette éducation et mon esprit de contradiction ont fait le reste.<br /> <br /> <br /> <br /> Du coup, c'est vrai que la question de la représentation de la sexualité ne s'est jamais posée, ni pour les couples homos, ni pour les hétéros, ni pour les autres. La sexualité reste personnelle : si je m'imagine des trucs, je suis forcément dedans :p<br /> <br /> Par contre, j'admets que j'aime beaucoup parler de cul (pour être crue) avec mes amis, mes potes, mon mec : je n'ai aucun tabou ! Mais ce n'est pas pour parler de la sexualité des autres, c'est plutôt pour partager des expériences, des envies/fantasmes, etc.<br /> <br /> <br /> <br /> Et j'adore décidément tes goûts musicaux :) merci pour la découverte !
N
Je connais également un couple gay qui élève une jeune demoiselle et elle est parfaitement épanouie. :)<br /> <br /> <br /> <br /> Bah le plus difficile avec le fait que l'on me prenait pour une lesbienne, c'est que du coup j'avais moins de chance d'avoir un petit ami :D <br /> <br /> <br /> <br /> Pareil pour les soi-disant bizarreries, c'était pas facile avec mes camarades de classe durant toute mon adolescence. Je me suis sentie d'ailleurs enfin en paix quand je suis entrée à la Fac.
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