Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Chevelue
Publicité
Newsletter
La Chevelue
Visiteurs
Depuis la création 340 295
28 septembre 2014

Le nez dans les poubelles

zoom_picto_recyclages_10   encombrants   zoom_picto_recyclages_32

 

Le soir des poubelles

Les façons de faire et les législations varient selon les pays (je sais par exemple que ce que je vais décrire là est impossible en Suède, j'ai essayé, sans succès), mais il est souvent possible de récupérer beaucoup de choses dans ce que les autres personnes ne veulent plus. En Suisse, les gens sortent tout sur le pas de leur porte un jour donné par mois, et c'est ramassé le lendemain matin par les services publics (attention je ne parle pas des déchets comme les emballages ou autre, mais bien des meubles, des "encombrants"). Donc on a une nuit pour courir les rues et dénicher des tas de merveilles certes usagées mais souvent encore très utiles.

C'est mon ami Bicycle qui m'a initiée, lui récupère quasiment tout comme ça et n'utilise presque pas d'argent pour vivre (il a un grand jardin et des serres pour compléter l'alimentaire). Du coup c'est une sorte de petite fête, le soir des poubelles, parfois chacun-e de son côté, parfois en groupes, on se balade à vélo ou à pied et on regarde tout ce qui nous intéresse ! Souvent on démonte (par exemple les vieux sommiers sont d'excellents fournisseurs de lattes de bois de qualité), et on récupère du coup toutes nos vis et tous nos écrous.

Personnellement, je suis une grande découpeuse de canapés. J'aime le cuir, c'est une matière géniale, mais je suis très précautionneuse quant à son achat : on ne sait jamais trop d'où il vient et dans quelles conditions il a été produit. Alors je cours les rues en guettant les vieux canapés et fauteuils en cuir, et quand j'en trouve donc la couleur me plaît, je découpe précautionneusement les plus grands pans possibles (ça fait énormément rire mes amis de me voir le couteau à la main à m'acharner sur un canapé à la nuit tombée). J'en ai tout plein, bien roulés, qui attendent d'être transformés en sacs, en ceintures, en sacoches ou... en chausses histo Xe siècle (même pas peur ! je porte les miennes, 100% canapé, depuis un an dans bien des manifestations historiques, tout le monde les trouve très bien et personne ne m'a jamais embêtée avec le fait que c'est pas du cuir tanné végétal) (bien sûr, si je pouvais me procurer du cuir tanné à l'ancienne venant d'élevages et abattages corrects et à un prix décent, je prendrais, la matière est beaucoup plus belle... mais il y a des tas de canapés qui sont en route pour la poubelle, alors je commence par utiliser ce cuir-là) !

 

pbqf

 

L'arrière des magasins

Encore une fois, je sais que ce n'est pas partout possible, et notamment dans le Sud de la France j'ai quelques connaissances vivant dans la rue qui m'ont indiqué que beaucoup de magasins arrosent leurs produits "périmés" de liquides toxiques afin d'éviter les récupéreurs, justement. Je trouve cette pratique lamentable. Heureusement, aux alentours de chez moi en Suisse, ça ne se fait pas.

Donc on fait souvent l'arrière des magasins alimentaires pour récupérer les produits ayant dépassé la date de péremption. Beaucoup de ces produits sont en fait encore parfaitement consommables (éviter les surgelés, la viande et le poisson), il faut juste regarder, sentir, faire le tri. Mes amis Génonde et Géronémy mangent à peu près à 50% de la récupération. Ils sont d'ailleurs en train de monter une coopérative de paniers agricoles pour compléter leur alimentation, et nourrir sainement d'autres personnes, mais c'est une autre histoire... (on leur tient les pouces ! ça va marcher !)

 

kjsdfvd

Les tas de compost

Il y a quelques années, j'ai travaillé chez un maraîcher très sympathique. Et le gros problème des maraîchers, ce sont les standards de vente. Un concombre tordu ? Deux tomates trop mûres ? Une courgette déformée ? La caisse est jugée "non conforme" et renvoyée au producteur, quand ce n'est pas toute la palette. Certaines coopératives de producteurs ont ouvert des marchés à bas prix pour revendre ces légumes "déclassés" mais tout à fait mangeables, c'est un bon filon pour avoir des légumes frais à prix très bas. A cette époque, comme je travaillais donc chez le producteur, je pouvais simplement aller piocher le soir dans les caisses renvoyées. Elles allaient de toute façon finir sur le tas de compost, alors le patron encourageait ses employés à se servir tant qu'ils voulaient de légumes frais, pour qu'au moins "tout ce boulot n'aie pas servi à rien".

Libellule m'écrit qu'il a récupéré pas mal de kilos de coings et pommes tombés au sol ces derniers jours, il est en train de faire de la compote et de la pâte de coing pour l'année. Tout ça gratuit, au pied des arbres, sans priver personne (les fruits tombés ne sont pas ramassés par les arboriculteurs, en tout cas pas dans notre région). Il faut juste se baisser et trier. Avoir de la patience, un couteau, un peu de temps et des sacs.

Ici en Suède, je trouve beaucoup de pommiers de bord de chemins dont les gens ne mangent que les pommes encore accrochées aux branches. Je les leur laisse, préférant me baisser pour prendre celles qui sont à terre. Une découpe aux endroits abîmés, et ça me fait mon dessert. Pourquoi j'achèterais des pommes ? Il y en a plein partout ! Je regrette juste de ne pas avoir de pressoir pour faire du cidre avec les petites acidulées, bien trop sures pour être croquées ou même cuites.

 

pommepp

 

Le regard des autres et la société

Voilà, c'étaient quelques exemples de comment on peut vivre avec moins d'argent, simplement en récupérant ce que les autres ne veulent pas. Ca s'appelle le glanage, c'est très ancien, c'est gratuit, faut juste du temps et de la patience, ça permet de donner une seconde vie à beaucoup de choses qui sont en route pour la poubelle. A vous de voir ce qui est faisable par chez vous, soyez inventif-ve-s, il y a plein de possibilités partout. N'ayez pas peur du regard des "gens bien", on vous regardera toujours bizarrement parce que vous avez l'air sauvage en découpant votre canapé ou "sale" en farfouillant dans les "déchets" de la société de surconsommation.

Je souhaiterais ajouter que le glanage n'est bien sûr pas un modèle de vie, il ne marche que parce que certains gaspillent. Si tout le monde utilisait tout, on ne pourrait pas récupérer dans les poubelles (y'aurait pas de poubelles). Mais tant qu'on vit dans ce monde, autant limiter au maximum le gaspillage, et épargner son porte-monnaie par la même occasion ! A vos sacs !

 

 

Récupérez-vous des "déchets" ? Si oui, quel genre ? Qu'en faites-vous ? Si non, pourquoi ? Trouvez-vous cela "sale" ? N'y avez-vous simplement pas pensé ? Comment fonctionne le système d'élimination des déchets encombrants chez vous ? Savez-vous s'il est possible de récupérer les produits ayant dépassé la date limite de consommation dans les magasins près de chez vous ? Connaissez-vous des astuces pour récupérer des produits utiles ? Y a-t-il des associations ou autres qui s'occupent de réduire le gaspillage dans votre région ?

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Salut chère Chevelue ! Ca fait peu de temps que je te lis, mais je t'aime de plus en plus ! (non, n'aies crainte, je ne vais pas te stalker en Suisse).<br /> <br /> Je profite de cet article - croulant de vérité - pour te - et aux éventuels lecteurs de ce commentaire - conseiller de regarder, si ce n'est pas déjà fait, le documentaire d'Agnès Varda "Les glaneurs et la glaneuse", qui trace une brève chronologie du glanage et qui suit les glaneurs de pommes de terre. Y a plein de patates en forme de coeur, gage de qualité.<br /> <br /> <br /> <br /> A très vite !
A
Pour le cuir, on a trouvé un entrepôt de vente de cuir en Anjou avec des copains, ce sont des rebuts des diverses industries qui en utilisent; allant de la simple chute à la pièce de 2m de long sur 1m de large. Ça reste de l'achat, mais quand on veut se faire une paire de bottes médiévales justement, ça fait l'affaire à merveille !.. Sauf qu'en débutante j'ai pris un cuir beaucoup trop mou, mais ça c'est une autre histoire...
A
Vraiment j'admire ta résistance à la société de consommation. Je sens personnellement que la vérité est de ton côté, mais j'avoue que des fois la facilité me rattrape, bien que je sois une inconditionnelle du bio, de l'achat direct aux producteurs, que je travaille dans le sens du minimalisme dans mes produits de beauté... Je tombe encore trop facilement dans le piège de la consommation, à craquer pour un bouquin sur Amazon ou à avoir des "pulsions" d'achat, des phases de... régression?, où je me surprends à vouloir rentrer dans le moule. <br /> <br /> Pour revenir au sujet, une fois j'ai travaillé dans une usine de tri sélectif, et j'ai récupéré notamment deux livres complets et en très bon état. Mais sinon, j'avoue que j'aurais du mal à récupérer des choses dans une poubelle "de base", qui auraient côtoyé des aliments pourris, des tampons usagés... Là, je ne peux pas (mais je ne critique pas pour autant). Autrement, la récup', je plussoie à 100%... Dernièrement je me suis mise à la couture, j'ai notamment fait des déguisements "18e siècle" avec une paire de rideaux Emmaüs, je me suis beaucoup amusée^^
N
Pas grâve^^<br /> <br /> Oui j'en ai entendu parler de la Grelinette, c'est la permaculture sur petites surfaces citadines, non ? Vraiment sympa l'idée en effet ! Dans le même genre, j'avais accompagné des amis dans le nord de Montréal à un cours gratuit sur la production de produits ménagers maisons et écologiques. C'était intéressant comme initiative et le gars était rigolo. Une association de quartier programmait ce type de cours tous les mois. J'ai découvert pas mal d'initiatives comme des eco-villages, des soupes populaires et autres au Québec, vraiment chouette ! On a meme rencontré un jeune programmeur d'application qui avait une bien belle idee en tete pour faire avancer l'entraide en communauté. Je pense que c'est pareil en France, juste plus discret peut-être.
N
Ah oui j'ai dis "groupe québécois" car c'était l'initiative d'un groupe d'étudiants québécois il y'a 10 ans, que ça a été créé par ces même québécois (reconnu officiellement) et que cela se situe à Montréal. Mais les gens qui s'y trouvent aujourd'hui ne sont plus du tout québécois. Et j'ai été super déçus car ils étaient loin d'être "ouverts" aux autres finalement et ils délaissaient totalement les initiatives du groupe à ses débuts en ce qui concerne justement l'autosufisance, l'entraide sociale ou l'esprit communautaire.
Publicité